Emmy Côté, membre étudiante du GREM et candidate au doctorat au sein du Département des Études Intégrées en Éducation (Department of Intergrated Studies in Education – DISE) a McGill a défendu sa thèse le vendredi 16 février 2024.
« Quand l’histoire et le musée collaborent : la mobilisation de la conscience historique d’étudiant.e.s inscrit.e.s à l’université par le biais d’un programme muséal virtuel »1
Description de la thèse
La thèse a examiné la valeur pédagogique d’un programme muséal visant à mobiliser la conscience historique d’étudiant.e.s inscrit.e.s dans un cours en histoire des Autochtones à l’université. Concept-clé dans la recherche menée en enseignement de l’histoire, la conscience historique est comprise comme la faculté des individus à recourir au passé pour s’orienter dans le présent et le futur et peut être développée dans le contexte de l’enseignement formel (Rüsen, 2004). Plus spécifiquement, l’étude a été guidée par la proposition de Grever et Adriaansen (2019) portant sur l’opérationnalisation de la conscience historique « de l’efficience » (Gadamer, 1963) en éducation. Selon ces chercheurs, une compréhension « de l’efficience » de l’histoire nécessite notamment de développer deux compétences chez les étudiant.e.s : la réflexion sur la nature des savoirs disciplinaires et l’adoption de diverses perspectives dans l’examen du passé. Cette proposition est d’autant plus pertinente qu’elle s’abstient d’imposer les conventions occidentales disciplinaires dans l’étude historique des sociétés non-occidentales (comme celles autochtones).

Défense de la thèse d’Emmy Côté le vendredi 16 février 2024, salle 233, à McGill. (De gauche à droite) Dr Anila Asghar, professeure titulaire, Université McGill, Dr Bronwen Low, professeure titulaire, Université McGill, Dr Kevin McDonough, professeur titulaire, Université McGill, Dr Emmy Côté, Université McGill, Dr Boyd White, professeur retraité, Université McGill, Dr Anik Meunier, professeure titulaire, UQAM.
L’approche pédagogique du musée a été privilégiée pour stimuler les deux compétences de la conscience historique de « l’efficience » chez les étudiants. Certaines caractéristiques relatives au patrimoine, à la matérialité des objets et à la sociabilité au musée (Smith, 2006, Dufresne-Tassé, 1996); Jacobi, 2012), suggéraient, en effet, qu’il s’agissait d’un terrain d’expérimentation fertile. L’étude de cas qualitative et instrumentale a été articulée en deux phases : 1) la conception d’un programme muséal en trois moments (Allard et Boucher, 1985) dans le cadre d’un partenariat interinstitutionnel; 2) la mise en œuvre du programme muséal dans la salle de classe universitaire. Cette recherche a impliqué un groupe de 10 étudiant.e.s de premier cycle inscrit.e.s dans un cours d’histoire à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), en présence de leur chargée de cours et de leur assistant d’enseignement, ainsi que des professionnels en éducation du Musée McCord Stewart.
Compte tenu de la pandémie de coronavirus qui sévissait au moment de l’étude, la recherche sur le terrain s’est déroulée exclusivement à distance par l’intermédiaire de la plateforme Zoom. Les étudiant.e.s ont été invité.e.s à explorer l’exposition permanente « Porter son identité. La collection des Premiers Peuples » par le biais d’une vidéo préenregistrée et d’un commentaire d’une muséologue en direct. Les perspectives autochtones et le processus d’autochtonisation du Musée McCord Stewart ont orienté les activités collaboratives offertes aux étudiant.e.s. Cette étude constitue une contribution importante en enseignement supérieur de l’histoire, ce pan de la recherche en didactique demeurant quasi inexistant. La recherche fournit des pistes intéressantes quant à l’utilisation du musée en enseignement supérieur, l’élaboration de programmes éducatifs destinés aux clientèles universitaires, la décolonisation de l’enseignement de l’histoire et l’enseignement à distance. La participation au programme muséal a fait ressortir des apprentissages multidimensionnels (savoirs, savoir-faire et savoir-être) tant pour les étudiant.e.s que les collaborateurs du musée et de l’université.

« L’accomplissement d’une thèse de doctorat est le fruit d’un nombre incalculable d’heures à se questionner, lire et découvrir, annoter et écrire, rencontrer et tisser des liens, créer et s’émerveiller… et sans doute aussi, un peu, pour ne pas dire beaucoup, à se tourmenter l’esprit! La pandémie qui circuite les plans initiaux et la course folle des derniers milles sont propices à ces moments de doute et de frustration.On y arrive parce qu’on est bien épaulée, académiquement, financièrement, professionnellement et personnellement. Je suis aujourd’hui animée par un profond sentiment de reconnaissance à l’égard des professeur.e.s qui m’ont soutenue (particulièrement, Dr Boyd White et Dr Anik Meunier), de mon université, McGill, des Fonds de recherche Société et Culture du Québec, de mes employeurs antérieurs et actuels ainsi que de tous mes proches et amis.
Enfin, je tiens à remercier les nations autochtones du Canada, qui nous amènent, nous les non-Autochtones, à revoir notre rapport au passé et nos conceptions sur le monde et qui nous rappellent la place humble que les êtres humains occupent sur cette Terre. »
Emmy côté
Emmy Côté a réalisé son doctorat au Département d’études intégrées en éducation de l’Université McGill, sous la direction de Boyd White, en codirection avec Anik Meunier, à l’UQAM. Elle est actuellement chargée de cours à l’Université de Montréal en didactique de l’Univers social au primaire et enseignante en histoire au Collège de Maisonneuve (cégep). Auparavant, elle a dispensé des charges de cours en didactique de l’histoire au secondaire à l’Université de Sherbrooke et l’Université McGill. Elle a œuvré dans le milieu muséal pendant plusieurs années, notamment comme responsable de l’éducation au Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal. Détenant également un baccalauréat et une maîtrise en histoire de l’Université de Sherbrooke, elle a rempli divers contrats en archivistique et recherche historique.
Vous pouvez suivre Emmy Côté sur Academia et LinkedIn.
Notes de bas de page
- Titre d’origine : « When history and museum collaborate: The mobilization of students’ historical consciousness through a virtual museum program at university » ↩︎